Concarneau - Ville Bleue

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Dossiers

Attractivité touristique, qualité esthétique du cadre de vie, le patrimoine architectural d’une commune constitue un atout manifeste que Concarneau entretient désormais avec l’aide de l’État grâce à une convention.

Arrêt sur image

Carte émotionnelle - J’habite ici… et vraiment pas ailleurs !

L’opération de « carte émotionnelle » lancée par la Ville il y a deux ans vient de s’achever avec, à la clef, une représentation nouvelle de la cité à laquelle de nombreux Concarnois auront contribué.

La sardine sirote un cocktail, confortablement allongée dans sa boîte, très certainement ointe d’huile pour se protéger des rayons brûlants du soleil qu’un panama, posé sur le sommet de son crâne, ne suffit pas à atténuer… Voilà une des images de Concarneau qui aurait pu naître de l’imagination de ses habitants. Celle-ci a été conçue par la municipalité pour illustrer l’opération « J’habite ici ! » commencée il y a deux ans et qui vient de toucher à sa fin.
L’objectif premier de cet appel à projet, pour lequel la Ville avait reçu plus de 45 candidatures, était de créer une représentation subjective de la commune d’après les impressions qu’en avaient les Concarnois, sous la forme d’une « carte émotionnelle ». Chacun porte en effet une affection particulière à un quartier, une rue, un banc, parce qu’il y a travaillé, donné son premier baiser, gravé ses initiales… A contrario, certains endroits peuvent être imprégnés de sentiments négatifs, attristants, agaçants, pour des raisons strictement personnelles. Et ce sont toutes ces sensations/impressions que l’ANPU, l’Agence nationale de psychanalyse urbaine, a proposé de superposer à la carte topographique de la ville pour donner une image fidèlement représentative de ce qu’en pensent ses habitants. Pour y arriver, l’ANPU et le service Culture ont choisi des chemins créatifs, ludiques et pleins d’humour que les Concarnois ont empruntés avec délices !

PSYCHANALYSE ET ATELIERS PARTICIPATIFS

Le « tissu urbain », révélateur des liens que la population tisse avec sa ville.Les membres de l’ANPU ont commencé par dresser un diagnostic des lieux en allant à la rencontre des professionnels et des associations, puis du public, grâce à trois grands moments de « psychanalyse urbaine ». Entre octobre 2018 et avril 2019, sur la place du marché et lors de la Journée des possibles de Kerandon, trois Opérations Divan ont amené les passants à s’installer sur des transats en pleine rue afin de répondre à un drôle de questionnaire en forme de portrait chinois, mené par les membres du collectif en blouse blanche. Le BIG (Bureau d’intervention graphique), sollicité et accompagné par l’ANPU, a ensuite pris le relais dans différents quartiers et à différentes heures afin de toucher un large panel d’habitants, en proposant aux volontaires de prendre part spontanément à des ateliers créatifs tels que « le tissu urbain ». Les participants y ont décoré des vêtements avec leurs interprétations graphiques de sentiments drôles, tendres, interrogateurs, suscités en eux par la ville. Tout au long de l’hiver, la mairie a entretenu la dynamique mise en place par l’ANPU avec des ateliers famille mensuels : en ont émergé des collages (« Entre CC et moi, ça colle ! »), de surprenantes maquettes de la ville, ou encore des photos « Mémoire d’objet », qui témoignaient de l’invasion de Concarneau par une horde de figurines improbables ! Les scolaires aussi ont participé à l’aventure, en réalisant des autoportraits à partir d’un élément représentatif de la ville à leurs yeux. Ils ont fabriqué des maquettes d’une ville imaginaire avec des objets recyclés et dressé un plan de la cité vue avec leurs yeux d’enfants, dans le cadre de l’opération pédagogique « Ma tête se balade en ville ». « Sans oublier la classe patrimoine du lycée Pierre- Guéguin qui a fait surgir plein d’idées », ajoute Johanne Perez, responsable du service Culture. Ces créations constituent désormais le fonds de l’exposition itinérante « J’habite Ici ! » dont l’inauguration, mise en scène par l’ANPU, a eu lieu en octobre dernier en présence des scolaires, des résidents de l’Ehpad et de la résidence seniors Domitys, ou encore des artistes locaux.

LA PRESCRIPTION DE L’ANPU

De cette longue séance de « diagnostic », l’ANPU a tiré ses conclusions et livré de judicieuses préconisations thérapeutiques (gentiment) impertinentes. Celles-ci pointent les « névroses » de la ville, atteinte semble-t-il de « bipolarité » résultant d'une ville close mais ouverte sur l'océan, hésitant entre terre et mer, été et hiver, suractivité touristique et retraite paisible… Introduites par une rose des vents résumant les humeurs locales, ces conclusions apparaissent désormais au verso d’une carte météo qui, outre l’aspect géographique porteur du ressenti et du vécu des habitants, est devenue un véritable objet artistique décalé. Reprenant les caractéristiques d’une carte IGN, elle affiche également des publicités drôles ou poétiques faisant référence à l’histoire passée ou actuelle de Concarneau : Le Chien jaune, l’École des peintres de Concarneau, les activités navales… Nul doute que les Concarnois ne regarderont plus leur ville avec les mêmes yeux désormais ! Tirée à 1 000 exemplaires, la carte, visible au Pôle culturel et sur le site internet de la Ville, est intégrée à l’exposition ainsi qu’au dossier de révision du PLU (-> lire l'article). Elle sera distribuée lors d’événements publics particuliers auxquels l’exposition sera associée de manière impromptue.

Qu’en pense l’ANPU ?

Collectif de chercheurs (psychanalystes, géographes, architectes, sociologues, urbanistes…) associés à, ou étant euxmêmes, des artistes plasticiens, auteurs, comédiens, graphistes et médiateurs culturels, l’Agence nationale de psychanalyse urbaine « couche les villes sur le divan, détecte les névroses urbaines et propose des solutions thérapeutiques adéquates ».
Si leur intervention a conduit les Concarnois à se poser des questions sur leur ville, à réfléchir à la façon dont ils l’habitaient, les habitudes du collectif ont elles-aussi été quelque peu bouleversées et ses membres ont dû créer de nouveaux outils pour correspondre à la demande de la municipalité. Celle-ci, séduite par leur proposition habituelle de psychanalyse d’une ville considérée comme une personne, suivie d’une prescription « médicale » sous forme théâtrale, voulait aller plus loin en impliquant les habitants et en matérialisant les actions par une carte émotionnelle et par une exposition finale. « Même si le sujet est lié à la psychanalyse, nous n’avions jamais été  «chercheurs en émotions », raconte Charles Altorffer, l’urbaniste enchanteur et expert en psychanalyse urbaine qui a mené le projet avec quatre autres intervenants de l’ANPU. Le côté participatif du projet, qui mettait les habitants  «au travail », a permis de toucher des gens très différents, curieux et investis, et a révélé quelques heureuses surprises. Les constats des Concarnois, parfois durs mais pleins d’amour pour leur ville, ont inspiré notre restitution d’une manière différente de notre habituelle pratique de sondage de l’inconscient d’une ville. » Un protocole à reproduire donc ? « Bien sûr ! »

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