Concarneau - Ville Bleue

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Attractivité touristique, qualité esthétique du cadre de vie, le patrimoine architectural d’une commune constitue un atout manifeste que Concarneau entretient désormais avec l’aide de l’État grâce à une convention.

Arrêt sur image

La chapelle Notre-Dame du bon secours et le phare de la Croix depuis l'hôtel de la plage. Début XXe siècle.

Phare de la Croix

Vue générale sur la place : le calvaire, le phare de la Croix et la chapelle Notre-Dame du bon secours

Phare de la Croix, et la lumière fut !

À bientôt 170 ans, les phares de la Croix et de Beuzec assurent toujours vaillamment leur rôle : guider les navires et les hommes. Placés dans le même alignement, secondés par les balises et feux annexes, ces phares sont aussi les témoins de la petite comme de la grande histoire.

C’est l’une des spécificités de Concarneau : trois amers indiquent un même alignement au 028° pour accéder et sortir du port. Le phare de la Croix, l’ancien phare de Beuzec et le clocher de Beuzec aident des milliers de marins à manoeuvrer sans encombre et traversent le temps au rythme imperturbable des marées.


PHARE DE LA CROIX : LE FEU AVAL
La construction du phare de la Croix a été décidée à Paris le 28 janvier 1845 : « La direction du chenal conduisant au mouillage de la petite rade de Concarneau sera signalée par deux fanaux : l’un sur la batterie de la Croix, l’autre sur le clocher de Beuzec », explique Jacques Guéguen, coresponsable de l’atelier patrimoine de l’Université du temps libre du Pays de Concarneau. En première intention, l’installation d’un feu dans le clocher est donc proposée, mais ensuite abandonnée, pour finalement se voir réalisée à plus d’un siècle de distance… Avant la construction du phare de la Croix, l’alignement pour entrer dans la rade était déjà donné par le clocher de Beuzec et un pylône érigé sur le pignon de la chapelle du Rosaire en Ville-close (l’actuel musée de la Pêche). « Le clocher de Beuzec avait été blanchi pour être mieux repéré, mais il manquait une signalisation visible de nuit. » Le terrain de la batterie de la Croix est concédé par le ministère de la Guerre et les premiers plans sont présentés le 28 août. Le 2 mai 1846, l’adjudication est approuvée au profit du sieur Bourhis, entrepreneur à Trégunc.

La Croix et Beuzec seront allumés en même temps le 15 octobre 1848, il y a bientôt 170 ans.

À l’époque, les feux sont alimentés par de l’huile de colza, viendront ensuite l’huile de schiste puis de paraffine, le pétrole, le propane, et finalement l’électricité pendant la guerre, à la demande expresse des autorités allemandes. Les différents carburants, souvent de mauvaise qualité, causeront de nombreux incendies en obstruant les brûleurs. Aujourd’hui, c’est une lampe halogène qui équipe le phare.


AVERTIR ET GUIDER : LES ÉVOLUTIONS DU FEU
Implanté sur le port, le feu de la Croix projette un faisceau blanc et fixe au sommet d’une tourelle de 9,30 mètres. « Cela créera quelques difficultés pour la construction et la modernisation du port, reprend Jacques Guéguen. Comme en 1958, quand l’urbanisation du quartier imposera de réduire de 3° l’ouverture du faisceau. » La portée du feu de la Croix est au départ de 9 milles, il est situé à 14 mètres au-dessus des hautes mers de vives eaux. Fin XIXe, l’éclat du feu est gêné par les dunes du Cabellou : « La lumière était peu visible depuis Trévignon, on suggère alors de le remonter et de le faire émettre sur un secteur rouge* pour couvrir les écueils des Soldats et du Dragon près de Trévignon. » En 1893, le secteur rouge est mis en place. Mais la polémique avec le Cabellou se poursuivra jusqu’aux années 1930 : l’accélération des constructions empiète sur la visibilité.
Finalement, c’est la tourelle du Cochon qui sera équipée d’un feu pour couvrir les écueils de Trévignon. En 1911, le feu de la Croix passe à 3 occultations groupées toutes les 18 secondes et sa portée monte à 14 milles en blanc et 10,5 milles en rouge.
En 1938, le secteur rouge est supprimé, et le 4 avril 1940, alors qu’a débuté la Seconde Guerre mondiale, les feux de Beuzec, de la Croix, de Trévignon et de Penfret sont éteints sur ordre de la Marine à Brest. En 1941, les Allemands installent un poste de garde dans le phare de la Croix pour quelques semaines, ils le font électrifier en 1943, avec ceux de Beuzec et du Cochon.
Après-guerre, la signalisation visuelle est complétée par une radio balise : elle émet un signal morse en continu jusqu’en 1961. « Les marins peuvent alors relever le signal pour localiser le feu et ainsi naviguer en toute sécurité, même par temps de brouillard. »


Le phare de Beuzec aujourd'hui éteint après 116 ans au service des gens de mer.BEUZEC : LE FEU AMONT, ET L’UN DES PLUS HAUTS D’EUROPE ?
Si la décision d’installer un feu à Beuzec date aussi de 1845, l’histoire de ce phare est plus chaotique : « Plutôt qu’utiliser le clocher de l’église, le commissaire responsable du projet préconise la construction d’une tourelle supplémentaire, à 587 mètres de la dernière maison de Beuzec. » La tourelle sera flanquée d’une maison pour le gardien, située à une vingtaine de mètres, « en pierre de taille des meilleurs bancs des carrières de Trégunc. » C’est monsieur Raboisson, de Concarneau, qui est chargé des travaux, mais il fait faillite avant la fin du chantier.
Le phare doit être érigé sur des terres dépendant du château de Keriolet, or le propriétaire craint que la construction ne ferme la vue. Le chantier prend donc du retard et s’achève le 19 mai 1848. L’allumage a lieu conjointement avec la Croix le 15 octobre, le feu est fixe et blanc. En 1897, on remplace l’appareil d’optique mais aussi la lanterne pour l’élargir, « les travaux sont réalisés par Bonduelle » précise Jacques Guéguen. À son tour occupé par les Allemands dès 1941, le feu devient électrique en 1943. Ce sont ces mêmes Allemands qui saccageront tout l’équipement électrique de Beuzec et de La Croix à leur départ en 1945… « Il faudra attendre 1947 pour qu’ils soient à nouveau électrifiés ! » En 1962, la décision de transférer le feu dans le clocher est prise : « Le projet de construction d’immeubles à la Croix allait masquer partiellement l’alignement, il fallait surélever le feu. » Installé en 1964 au-dessus des cloches à 32 mètres du sol, le feu devient scintillant à 60 apparitions par minute. C’est le plus haut fanal concarnois, il culmine à 87,195 mètres audessus des pleines mers de vives eaux. Il serait même le plus haut d’Europe. Guidant à la fois les marins et les fidèles, le deuxième feu de Beuzec est toujours en activité, et reste une singularité.
• Les secteurs éclairés en lumière blanche sont sains pour la navigation, tandis que les secteurs rouges couvrent les zones dangereuses.

> Remerciements
Article réalisé grâce aux travaux de recherche de l’atelier patrimoine de l’Université du temps libre du Pays de Concarneau.
Sources : Subdivision des Phares et Balises, antenne de Concarneau et Archives départementales du Finistère

Des gardiens multitâches
Le feu de la Croix est surveillé par un gardien, logé à distance : le premier, monsieur Danielou, ne restera qu’un mois, le deuxième, monsieur Cozic, est un ancien tenancier de café… À l’époque peu formés, les gardiens du phare sont pourtant soumis à de rigoureux contrôles : « Ils sont questionnés et priés de réciter par coeur les instructions générales et les sections de chapitres des consignes, tout en réalisant une démonstration de réglage et d’entretien du brûleur ! » pointe Jacques Guéguen. Par ailleurs, les gardiens de la Croix, qui ne logent pas dans le phare, seront au fil du temps tenus d’observer et de surveiller les balises environnantes et le feu de l'île aux Moutons (archipel des Glénan), inaccessible entre deux ravitaillements.
Le feu de la Croix sera gardé jusqu'en 1951.

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